Jamais 1 sans 3 : deux chercheurs du Cnam nommés membres de l'Institut universitaire de France !
20 juin 2024
Par arrêté de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en date du 22 mai 2024, Zacharias Amara et Justin Dirrenberger, tous deux maîtres de conférences au Cnam, sont nommés membres juniors de l’Institut universitaire de France (IUF)¹ à compter du 1er octobre 2024.
Zacharias Amara
Zacharias Amara est lauréat de la faculté de Pharmacie de l’université Paris-Sud et titulaire d’un doctorat de Chimie organique. Il débute sa carrière de maître de conférence au Cnam en 2016, obtient son habilitation à diriger les recherches (HDR) en 2022 et est élu responsable de l’équipe Chimie Moléculaire du laboratoire Génomique, bioinformatique et chimie moléculaire (GBCM) en mars 2024.
Spécialiste de l’étude des interactions lumière-matière pour le développement de procédés plus respectueux de l’environnement (type photosynthèse), il a travaillé sur la conception de nouveaux photocatalyseurs (catalyseurs activés par la lumière) plus performants et plus éco-compatibles, ainsi qu’au développement de procédés utilisant de la lumière proche-infrarouge pour activer des réactions chimiques, notamment pour la synthèse de l’artémisinine, un des traitements contre la malaria les plus efficaces connus à ce jour.
Dans le cadre de ses recherches, Zacharias Amara a obtenu une bourse de la Fondation Bill & Melinda Gates ainsi que deux financements de l’Agence nationale pour la recherche (ANR). Ses travaux ont été récompensés par la Green Chemistry Institute de l’American Chemical Society, ainsi que par la division de Chimie organique de la Société chimique de France (Prix Jean Normant).
Il est nommé à l’IUF au titre de la chaire recherche fondamentale pour étudier les interactions entre les états photoexcités de la matière et un champ magnétique externe. Ce projet s’inspire des phénomènes de migrations des oiseaux qui suivent le champ magnétique terrestre grâce à l’activation de protéines photosensibles présentes dans leurs rétines appelées « cryptochromes ». La capacité à reproduire ces phénomènes en chimie organique devrait permettre de réaliser des transformations jusqu’alors prédites comme impossibles.
En 2023, il cofonde la startup Linium Biochemicals qui vise à utiliser la lumière pour valoriser la lignine, un déchet de l’industrie du papier. Cette approche permet de produire des intermédiaires clefs de l’industrie chimique à partir d’une matière première locale, renouvelable et peu onéreuse.
Le laboratoire de Génomique, bioinformatique et chimie moléculaire (EA 7528) développe des axes de recherches complémentaires pour mieux comprendre les maladies et contribuer à développer des approches diagnostic ou thérapeutiques. La partie génomique utilise et développe des outils bioinformatiques pour exploiter les données génomiques humaines afin de comprendre les mécanismes de maladies (sida, hépatite C, troubles psychiatriques, vieillissement) et identifier des cibles potentielles. La partie bioinformatique structurale modélise les interactions protéines-protéines ou protéines-petites molécules, et fait aussi du criblage in silico. La partie chimie moléculaire utilise son savoir-faire de synthèse chimique pour développer des petites molécules à visée diagnostic ou thérapeutique.
Justin Dirrenberger
Justin Dirrenberger est chercheur en ingénierie des matériaux, rattaché au laboratoire Procédés et ingénierie en mécanique et matériaux (PIMM), et maître de conférences HDR en métallurgie au Cnam depuis 2013.
Ingénieur matériaux, il soutient en 2012 une thèse de doctorat sur la mécanique des matériaux architecturés à l’École des Mines de Paris. Le terme « matériaux architecturés » décrit tout matériau dont le comportement est principalement piloté par la géométrie à travers son architecture. Il s’agit d’une classe émergente de matériaux avancés qui offrent de nouvelles possibilités en termes de performances, avec des applications industrielles dans les secteurs des transports, de la défense ou du biomédical.
Avec plus de 50 publications scientifiques (articles, ouvrages, brevets) et plus de 4000 citations, Justin Dirrenberger est un spécialiste de la conception, la modélisation, la simulation, l’optimisation et la fabrication de ces matériaux architecturés. Il a dirigé le projet de recherche DEMOCRITE, financé par HESAM Université, visant à développer la fabrication additive (type imprimante 3D) à l’échelle architecturale. Il a par la suite cofondé deux start-ups, l’une (XtreeE) pour développer la technologie de fabrication additive à grande échelle pour le secteur de la construction, l’autre (Tetmet) pour rendre les matériaux architecturés accessibles à l’industrie en développant la technologie Adaptive Spatial Lattice Manufacturing (ASLM), pour une fabrication frugale, rapide et automatisée.
Lauréat d’une bourse ANR JCJC et de la médaille Jean Rist de la Société Française de Métallurgie et des Matériaux, il est nommé à l’IUF pour ses recherches sur les matériaux architecturés, et ce au titre de la chaire innovation. Cette chaire est caractérisée par des projets de recherche destinés à être transférés ou valorisés auprès des entreprises (existantes ou créées à cette occasion), des collectivités, du monde associatif, des citoyens, et dont l’application permet de réelles innovations.
Le laboratoire Procédés et ingénierie en mécanique et matériaux est une unité mixte de recherche Cnam, Arts et métiers et CNRS (UMR 8006) qui rassemble une vaste gamme de spécialistes allant de la mécanique des matériaux et des structures à la métallurgie et la chimie des polymères, des procédés de mise en forme et d’assemblage aux méthodes avancées de la simulation numérique. Les recherches sur les procédés laser et les procédés de mise en forme des polymères s’appuient sur un vaste ensemble de moyens expérimentaux.
Les travaux s’attachent en particulier aux conséquences des procédés sur les propriétés d’emploi, via les défauts et les modifications de microstructures engendrées. Les activités développées en dynamique des structures et en commande et surveillance des systèmes, au-delà de leur justification propre, permettent d’apporter de nombreuses contributions à la compréhension et à la simulation des procédés. Nous pouvons ajouter que le laboratoire possède une compétence bien établie dans le domaine de la durabilité des matériaux, notamment dans le vieillissement chimique matériaux plastiques et la fatigue gigacyclique.
(1) La nomination à l’IUF court sur une période de 5 ans, pendant laquelle les personnes nommées sont placées en position de délégation. Ils continuent à exercer leurs activités dans leur université d’appartenance, tout en bénéficiant d’un allègement de 2/3 de leur service d’enseignement et de crédits de recherche spécifiques. 200 nouveaux membres sont nommés chaque année : 100 membres juniors (âgés de 40 ans au plus) et 100 membres seniors
Zacharias Amara et Justin Dirrenberger rejoignent Matthieu Montes nommé l'année dernière à l'IUF; nos trois chercheurs vont donc pouvoir se consacrer un peu plus à la recherche et notamment la recherche fondamentale qui est, on ne le dira jamais assez... fondamentale !
L'Institut universitaire de France et la mission qui attend nos chercheurs
Outre le caractère extrêmement prestigieux qu'elle revêt, cette nomination permettra à nos chercheurs de bénéficier d'un « soutien à son activité de recherche ainsi que de la prime d’encadrement doctoral et de recherche. » : l'IUF donne une place de choix à la recherche fondamentale, et dans la communauté scientifique et auprès de la société, de façon plus large.
Cette position permet aux enseignants-chercheurs, pendant 5 ans, d'être « un peu plus chercheurs, qu'enseignants » car elle leur octroie le droit de se décharger d'une partie de leur service d'enseignement pour se consacrer à leur projet de recherche.
De plus, l'une des mission de l'IUF étant le rayonnement des sciences et la médiation scientifique, cette nomination implique la mise à disposition de moyens importants pour l'organisation d'événements scientifiques tels les colloques et les conférences.
D'un autre côté, elle implique des engagements forts de la part des chercheurs – ce qui fait de l'IUF une institution majeure en matière de sciences :
- Réaliser leur projet de recherche fondamentale, d’innovation ou de médiation scientifique pendant les cinq ans de leur délégation ;
- Renforcer leur implication dans une recherche de haut niveau et de visibilité internationale ;
- Produire un rapport d’activité à la fin de leur délégation ;
- Participer régulièrement aux assemblées plénières, colloques et manifestations organisées par l’IUF ;
- Contribuer à la diffusion du savoir auprès d’un large public, notamment par la médiation scientifique ;
- Contribuer, par l’innovation, au transfert et à la valorisation des travaux de recherche vers des entreprises, existantes ou créées dans le cadre du projet IUF ;
- Mentionner leur appartenance à l’IUF dans la signature de leurs travaux, publications et interventions publiques.