Deux événements au Cnam les 21 et 22 octobre derniers

Semaine internationale du libre accès

4 novembre 2024

L’Open Access Week se tient partout dans le monde depuis une quinzaine d’années. Créée par deux associations d’étudiants américaines, elle promeut le libre accès aux publications scientifiques. Chaque édition est marquée par l'organisation de conférences et de séminaires sur l’évolution des pratiques académiques et le partage des connaissances.

Bibliothèque du Cnam

Au Cnam, cette année, l’équipe « science ouverte » de la direction des bibliothèques et de la documentation a proposé deux webinaires : « Comment utiliser la science ouverte pour faire connaître ses recherches et faciliter son insertion professionnelle ? » et « Comment mieux diffuser ses publications et valoriser ses différentes expériences en tant que doctorant : cours, communications scientifiques, réseaux scientifiques, etc. ? »

Science ouverte : contenu numériqueSi ces deux rendez-vous étaient dédiés aux « thésards » en fin de doctorat ou l’ayant déjà terminé, il n’en reste pas moins que la science en libre accès ne s’adresse pas qu’à eux. En effet, et en particulier au Cnam, les auditeurs en formation peuvent accéder à de nombreux contenus numériques ouverts – notamment des cours en ligne et des ressources éducatives libres – pour enrichir leur propre cursus, en puisant l’information nécessaire (sans la plagier) à la réalisation de leur mémoire, par exemple.

Plus généralement, la science ouverte s'appuie fortement sur le recours à l'Internet, à l'open data, aux outils de travail collaboratif, comme Wikipédia ou Wikiversité, mais aussi à la formation en ligne et au web social (échange d’informations et de relations) de manière à rendre la recherche scientifique et ses données accessibles à tous, amateurs comme professionnels. Elle favorise par ailleurs la pluridisciplinarité de la recherche.

La Semaine du libre accès est à ce titre une occasion unique de rejoindre l’essor mondial du partage ouvert des connaissances. Les changements politiques et les enjeux sociaux qui se posent dans le monde entier en font un objectif d’autant plus passionnant. En 2024, et pour la deuxième année consécutive, « l’Open Access Week » avait pour thème : « La communauté avant la commercialisation ».

AURÉLIE PUYBONNIEUX, CHARGÉE DE RESSOURCES DOCUMENTAIRES AU CENTRE DE DOCUMENTATION SUR LA FORMATION ET LE TRAVAIL DU CNAM3 QUESTIONS À AURÉLIE PUYBONNIEUX, CHARGÉE DE RESSOURCES DOCUMENTAIRES AU CENTRE DE DOCUMENTATION SUR LA FORMATION ET LE TRAVAIL DU CNAM ET RESPONSABLE DE LA CELLULE SCIENCE OUVERTE

Que faut-il comprendre dans le thème de la Semaine du libre accès (2023 et 2024) « La communauté avant la commercialisation » ?

Derrière ce mot d’ordre, on retrouve l’idée, centrale dans le mouvement de la science ouverte, de la recherche scientifique comme bien commun. Alors que l'essor de la documentation électronique s'est accompagné d'une accélération des dynamiques de concentration dans l'édition scientifique privée, la science ouverte propose un modèle de diffusion des savoirs fondé sur le libre partage. Il s'agit de mettre à la disposition d'une communauté (pairs mais aussi collectifs citoyens, associations professionnelles, etc.) les outils et résultats de la recherche publique. D'où le lien très fort qui existe entre science ouverte et sciences participatives. Il faut également rappeler que les inégalités d'accès aux livres et aux savoirs restent toujours très fortes dans le monde. La science ouverte est un outil de lutte contre ces inégalités, tout comme la lecture publique (l’accès pour tous aux collections des bibliothèques publiques).

Y a-t-il des limites à l’accès à toutes ces données, ou tout le monde peut-il véritablement s’en saisir et à n’importe quel moment ?

Une expression qui revient souvent pour rassurer les chercheurs qui s’inquiètent de l’ouverture non maîtrisée de leurs données, c'est « aussi ouvert que possible, aussi fermé que nécessaire ». Il ne s'agit pas de tout diffuser, mais de se demander à qui peuvent profiter les recherches menées. Dans certaines disciplines, comme les sciences médicales ou les sciences de l'environnement, le partage de données ou de protocoles peut faire gagner un temps précieux. Un exemple parmi d'autres, ce sont les cohortes de santé publique, qui permettent de collecter et d’ouvrir des données essentielles au personnel soignant, aux collectifs de patients, etc. Bien sûr, cette ouverture s'effectue dans le respect des règles éthiques et juridiques, et il existe de nombreux outils numériques pour anonymiser et sécuriser les données diffusées.

À quoi pourrait aboutir ce vaste échange de connaissances ? En termes de recherche, et même de formation ?

La science ouverte est à la fois un mouvement et une communauté de pratiques, qui touche tous les aspects de la recherche, depuis la production des codes, des logiciels et des cahiers de laboratoire jusqu'à l'édition scientifique et l'évaluation par les pairs. Initialement mise en œuvre par les chercheurs eux-mêmes, elle est désormais intégrée aux politiques publiques de l'enseignement supérieur et de la recherche. Il y a donc fort à faire en matière de formation pour accompagner tout cela ! Au sein de la cellule science ouverte, nous portons une attention particulière à la formation des doctorants, un public considéré comme prioritaire dans les plans nationaux pour la science ouverte. Au-delà des enjeux formatifs, les premières études visant à mesurer les effets réels de la science ouverte montrent que l'impact d'un article scientifique est plus important lorsque ce dernier est en accès ouvert. Et l'on sait aussi que les chercheurs qui s'engagent dans une démarche de science ouverte défendent également l'éthique et l'utilité sociale de la recherche. On en revient donc à la connaissance comme bien commun à partager et préserver.