Focus sur un projet de recherche

Avec OREGANO, ciao les bactéries chez les cuistots !

Visuel projet OREGANO - Copyright Cnam-Dircom-Diane Tribout

8 juillet 2024

Quand quatre enseignantes-chercheuses du Cnam dans quatre disciplines scientifiques différentes mettent leurs forces et talents en commun, les bactéries n'ont qu'à bien se tenir ! En tout cas, on sait déjà où elles ne se tiendront plus : sur les surfaces métalliques utilisées dans l'agroalimentaire... Focus sur le projet OREGANO, financé par l'ANR et coordonné par Maité Sylla du laboratoire Génomique, bioinformatique et chimie moléculaire (GBCM) du Cnam !

Le projet OREGANO

L'industrie agroalimentaire est confrontée au défi majeur de garantir une hygiène optimale des surfaces tout en améliorant l'efficacité de ses processus. Le projet OREGANO propose ainsi de créer des surfaces métalliques innovantes avec un double effet antimicrobien, assuré d’une part par le greffage covalent de dérivés d’arylbenzothiazoles aux propriétés biocides¹, et d’autre part par une microstructuration de surface empêchant l’installation de biofilms bactériens. La synergie entre ces deux effets est stratégique pour lutter contre le développement de biofilms bactériens à un stade précoce. Ce traitement de surface est par ailleurs permanent, ne doit pas entraîner de relargage de composés actifs et ne nécessite que peu de molécules. 

Les nouvelles surfaces ainsi mises au point permettront de limiter les risques de contamination des aliments au cours de leur production industrielle, et donc de maintenir la sécurité sanitaire, tout en réduisant la fréquence et la durée des cycles de nettoyage/désinfection et par conséquent de gagner en productivité et de lutter contre le développement d’agents pathogènes résistants. 

Le projet OREGANO s’articule en quatre parties. Les arylbenzothiazoles seront synthétisés par des voies chimiques écocompatibles. Puis un soin particulier sera apporté à l’évaluation de leurs propriétés antimicrobiennes, ainsi qu’à l’étude de leur toxicité, par des approches in vitro et in silico, sans expérimentation animale. Le greffage covalent² sur de l’acier inoxydable sera ensuite réalisé en veillant à contrôler la microstructuration dont le rôle est crucial pour générer les propriétés anti-bioadhésives. Enfin, la stabilité du greffage au cours d’un vieillissement accéléré, ainsi que l’efficacité biocide et anti-bioadhésion de ces surfaces originales seront démontrées pour garantir la sécurité sanitaire des surfaces modifiées, leur efficacité antimicrobienne et leur résistance dans le temps

1 : Un biocide est défini dans l'Union européenne comme substance ou mélange de substances actives, destinée à détruire ou inactiver ou dissuader tout organisme indésirable, par tout moyen autre qu'une simple action physique ou mécanique. [Source]
2 : Covalence : Liaison chimique par mise en commun d'électrons des atomes constitutifs de la molécule. [Source]

Bébé Synergie number one !

OREGANO a la particularité d'être un vrai projet transdisciplinaire dont les applications concrètes et à court terme sont aisées à appréhender. C'est aussi le premier "bébé Synergie". En effet, nos quatre enseignantes-chercheuses font partie des heureux laboratoires à avoir, depuis peu, déménagé sur le nouveau site du Cnam "Synergie" à Saint-Denis. Doubles félicitations donc !

L'équipe

Maité Sylla et Nathalie Lagarde

Laboratoire Génomique, bioinformatique et chimie moléculaire (GBCM) - Cnam 

Maité Sylla est professeure des universités au Cnam. 
Titulaire d’un doctorat en pharmacie de l’Université de Las Villas et d’une spécialisation en produits naturels de l’Université de la Havane à Cuba, d’un doctorat en sciences en chimie médicinale de l’Université de São Paulo au Brésil suivi des études postdoctorales à l’Université Paris Saclay, France. Enseignante-chercheuse au Cnam depuis 18 ans, elle mène ses activités de recherche au sein de l’équipe de Chimie moléculaire du laboratoire Génomique, bioinformatique et chimie moléculaire (GBCM, EA7528). Son activité de recherche se situe à l’interface de la chimie moléculaire, de la biologie et de la bioinformatique et concerne le développement de nouvelles molécules bioactives pour le traitement des maladies inflammatoires/auto-immunes, les maladies infectieuses et le cancer utilisant dès que possible des procédés durables. Ses activités d’enseignement sont menées au sein du département « Chimie vivant santé » et concernent les domaines de la chimie organique, biorganique et médicinale 

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Nathalie Lagarde est docteure en Pharmacie (Université de Caen, 2011) et docteure en Bioinformatique structurale (Cnam, 2014). Son travail doctoral portait sur l’évaluation des méthodes de criblage virtuel et leur application à l’identification de nouveaux inhibiteurs de cytokines. Après son doctorat, Nathalie Lagarde a travaillé sur la prédiction des ligands agoniste et antagoniste des récepteurs nucléaires, sur l’étude des interactions protéine-protéine par docking croisé et sur le repositionnement de médicaments. En 2018, Nathalie Lagarde est recrutée en tant que maître de conférences au Cnam. Ses thématiques de recherche traitent de l’utilisation des méthodes de criblage virtuel pour la recherche de nouvelles molécules thérapeutiques.

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Marion Pommet et Morgan Guilbaud

Unité mixte de recherche Ingénierie des aliments et bioproduits (SayFood) -  AgroParisTech, Inrae et Université Paris-Saclay

Marion Pommet Marion Pommet est enseignante-chercheuse au Cnam dans la spécialité Sciences et procédés pour l’industrie agro-alimentaire. Ingénieur agronome et titulaire d’un doctorat en sciences des aliments, elle a effectué 18 mois d’études post-doctorales à l’Imperial College de Londres, sur la fonctionnalisation de biomatériaux à l’aide de nanocellulose bactérienne. Elle mène actuellement ses travaux de recherche en convention avec l’UMR SayFood. Son axe de recherche principal est la valorisation de matrices végétales en tant que telles ou à l’aide de transformations enzymatiques ou microbiennes, dans un contexte de transition alimentaire. Ces travaux nécessitent une approche multidisciplinaire qui fait appel aux domaines de la biochimie, de la physico-chimie et de la microbiologie. Les questions de recherche concernent aussi bien la compréhension des phénomènes de transformation que la caractérisation de propriétés fonctionnelles comme par exemple les propriétés anti-microbiennes au sein du projet OREGANO.En savoir plus +En savoir plus

Morgan Guilbaud est ingénieure de recherche en microbiologie à AgroParisTech. Elle fait partie de l'équipe de recherche Communautés microbiennes alimentaires (CoMiAl) de l'unité mixte de recherche Sayfood.

Titulaire d’un doctorat en sciences des aliments spécialité microbiologie et biologie moléculaire, elle a effectué un post-doctorat de 2 ans à l’INRAE de Jouy-en-Josas sur la diversité de réponses au stress de souches bactériennes d’intérêt technologique.

Elle mène actuellement ses travaux de recherche dans l’UMR SayFood. Son axe de recherche principal concerne le domaine de l’adhésion microbienne, de la formation de biofilms et de l’hygiène des surfaces. Elle participe notamment au développement de nouvelles surfaces antimicrobiennes.

Fanny Hauquier

Fanny Hauquier est maîtresse de conférences au Cnam dans l'équipe Analyse chimique et bioanalyse. Elle mène ses travaux de recherche au CEA au sein de l'UMR Nanosciences et innovation pour les matériaux, la biomédecine et l'énergie (NIMBE) - Laboratoire innovation, chimie des surfaces et nanosciences (LICSEN). Son sujet de recherche est la modification de surface par chimie/électrochimie : silicium, polymères conducteurs, électrochimie, sels de diazonium, graphène, AFM, Impression 2D et 3D, biocapteurs, métallisation des polymères.

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