L'écho des labos

Le Lirsa, un laboratoire en contact direct avec les organisations

10 octobre 2012

Travailler au plus près des organisations pour élaborer des scénarios d’avenir et contribuer aux débats sur l’économie, tels sont les principes du Lirsa, un laboratoire dirigé par Gilles Garel.
L'écho des labos : Pouvez-vous nous présenter votre laboratoire et son activité?
Gilles Garel, directeur du LirsaGilles Garel : Le Laboratoire interdisciplinaire de recherche en sciences de l’action (Lirsa) est une équipe d’accueil créée en avril 2011. Il regroupe principalement les forces de recherche du Cnam dans les domaines de l’économie et de la gestion, mais, par les sujets transversaux qu’il étudie, il mobilise aussi d’autres disciplines comme le droit, les sciences politiques ou la géographie. Le Lirsa étudie des organisations marchandes et non marchandes.
Le laboratoire regroupe 152 personnes réparties en 72 chercheurs, titulaires et associés, et 80 doctorants. Il est structuré en trois composantes : un  laboratoire d’économétrie, un laboratoire de management et le centre de recherche en comptabilité (CRC)

Au-delà de la variété des thèmes de recherche et de la structure en trois composantes, le Lirsa se définit par trois grands principes d’action. En premier lieu, un contact direct avec les organisations. Nous cherchons à produire de la connaissance à partir d’une interaction avec des entreprises, des associations, des universités ou des hôpitaux… Ensuite, nous travaillons sur les mutations en cours, sur les transformations des formes d’organisation ou des outils de gestion. Ce travail peut impliquer l’élaboration de scénarios futurs ou nous conduire à émettre des recommandations ou des critiques. Enfin, le Lirsa entend contribuer aux débats sociaux sur la gestion, sur la vie des affaires et sur l’économie.

L'écho des labos : Par quel type de recherches cela se traduit-il?
Gilles Garel : Cela est très varié bien sûr. Je prendrais trois exemples. Le Centre de recherche en comptabilté vient de réaliser une recherche sur les pratiques de gouvernance et les outils de contrôle de gestion dans les universités avec des collègues d’autres institutions (HEC Montréal, UPEC, Sciences-Po). Après la mise en place de la Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), cette recherche "photographie" la gouvernance des universités françaises à une date donnée (2011) et compare les résultats obtenus avec ceux d’enquêtes similaires menées par le passé. Les 2 600 questionnaires exploités dans l’ensemble des universités françaises et une enquête qualitative interrogent les acteurs sur leurs perceptions et sur leurs pratiques. Ce type de recherche va plus loin que les précédentes qui se limitaient à caractériser la gouvernance à un niveau institutionnel. Ainsi, on fait progresser la connaissance et la compréhension critique du fonctionnement organisationnel des universités.
Une autre recherche, réalisée par le laboratoire d’économétrie, en collaboration avec des collègues de Telecom Paristech, s’est intéressée à l’attitude des musiciens vis-à-vis de la mise en ligne des contenus enregistrés et du piratage, à partir d’une enquête auprès d’un millier de musiciens professionnels. Ils ont déterminé que cette attitude est fonction de la notoriété, de l’activité scénique et du mode de financement de la création. Les musiciens dont la notoriété est faible sont plus tolérants vis-à-vis du piratage car les réseaux de pair-à-pair augmentent leur audience. Un artiste sous contrat ayant une forte activité scénique a une probabilité plus faible de se déclarer dérangé par le piratage qu’un artiste sous contrat mais peu présent sur scène. Quant aux artistes auto-produits, ils apparaissent moins tolérants vis-à-vis du piratage que les autres. En fait les chercheurs ont montré qu’au-delà de la question des droits d’auteur et du piratage, qui a canalisé toutes les attentions, nous sommes face à un nouveau système économique qui se met en place, auquel certains s’adaptent mieux que d’autres.
Enfin, dans l’équipe de management, on peut citer en gestion des ressources humaines des recherches sur la "gestion des talents" à travers les enjeux, y compris internationaux, les liens avec la gestion des compétences ou la variété des pratiques.

L'écho des labos : Quels sont les projets de recherche en cours?
Gilles Garel : Je dirais quelques mots des projets institutionnels. Le Lirsa est impliqué dans un projet Idefi et trois Labex :
  • Le Labex Réfi coordonne des recherches sur la régulation financière.
  • Le Labex Sites travaille sur les sciences, les techniques et l’innovation .
  • Le Labex Dynamite étudie des futurs territoires à travers l’urbanisation, le développement durable et les nouvelles dynamiques sociales.
Le Lirsa est également impliqué dans un projet de l’Agence nationale de la recherche (ANR), baptisé Kinetic qui s’intéresse à la gestion des connaissances dans les projets d’innovation. Sur ce dernier projet, les initiateurs de la recherche sont venus chercher le Lirsa, précisément pour sa capacité à travailler avec les organisations sur le terrain.

L'écho des labos : Quelle est la suite du programme pour le laboratoire?
Gilles Garel : Dans l’immédiat nous sommes absorbés par le dépôt du dossier d’évaluation à l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Aeres). Sur le fond ce travail est important parce qu’il permet au laboratoire de construire son projet et de renforcer sa gouvernance. Il reste toutefois beaucoup à faire en terme de vie collective, de formation et d’accueil de nos doctorants ou de développement des financements externes. Mais nous avons de réels atouts avec des chercheurs à forte personnalité, avec des réseaux et de la variété dans les talents. La place du Lirsa au-delà du Cnam, au niveau académique ou auprès des organisations ne peut que se renforcer.
 
Copyright Julien Flamand